Révision à la hausse des besoins de liquidités…
Engagé sur plusieurs fronts pour tenter de sortir de l'ornière, Atos a profité de ce point de marché pour faire un nouveau point sur ses besoins de liquidités, avec une brusque révision à la hausse de ceux-ci. La société de services informatiques chiffre en effet désormais ses besoins à 1,1 milliard d'euros pour financer son activité sur cet exercice et le suivant, contre 600 millions annoncés début avril, «afin de refléter les conditions de marché et les tendances commerciales actuelles», indique-t-elle. Ces fonds sont «à fournir sous la forme de dette et/ou de capital par des parties prenantes existantes ou des investisseurs tiers», précise-t-elle encore. Atos réclame, par ailleurs, toujours 300 millions d'euros de lignes de crédits renouvelables et autant de lignes de garanties bancaires.
L'objectif visé par le groupe reste d'atteindre un profil de notation de crédit cible à BB d'ici 2026, ce qui suppose un levier financier inférieur à 2 fois d'ici la fin de l'année 2026. Cela implique, selon Atos, une réduction de la dette brute de 3,2 milliards d'euros à cet horizon, un niveau là-aussi nettement relevé par rapport à début avril (2,4 milliards).
Autre conséquence de ce nouveau chiffrage des besoins, Atos accorde un délai d'une semaine à ses parties prenantes pour soumettre des propositions de nouvelles liquidités, ce qui reporte la date butoir au 3 mai. Le groupe désormais dirigé par Paul Saleh espère ainsi toujours finaliser un accord global sur la nouvelle structure de son capital d'ici à juillet 2024. Celle-ci devrait faire la part belle aux créanciers du groupe, à savoir toutes les grandes banques françaises, ainsi qu'à David Layani, patron de Onepoint et actuellement premier actionnaire du groupe (11,4%), qui a récemment fait part de son plan de sauvetage du groupe, baptisé «New One Atos». L'entrepreneur plaide pour une recapitalisation (à laquelle il participerait largement) et la préservation de l'intégralité des actifs, et ambitionne de faire du groupe «l'Airbus du cyber et du digital: une plate- forme européenne du digital, de la cybersécurité et de l'intelligence artificielle, et le premier opérateur européen de cloud souverain, dans un marché émergent dominé par les Chinois et les Américains », comme il l'a confié dans une interview accordée à Figaro.
… Et à la baisse des perspectives à horizon 2027
Moins d'un mois après avoir établi une feuille de route pour les quatre prochains exercices, Atos a déjà revu à la baisse ses prévisions, évoquant là encore des conditions de marché difficiles. Il cible désormais des revenus de l'ordre de 11 milliards d'euros en 2027, soit 400 millions de moins que précédemment, pour une marge opérationnelle de 9,9% à cet horizon, contre 10,3% annoncé début avril.
Les perspectives pour l'exercice en cours ont également été revues à la baisse, Atos visant dorénavant 9,8 milliards de revenus en 2024, soit 100 millions de moins qu'initialement. Cela traduirait un recul organique de 3,3% de l'activité. La marge opérationnelle devrait quant à elle reculer à 2,9% du chiffre d'affaires cette année, contre 4,4% en 2023 et une estimation précédente de 4,3% en 2024. Ces révisions reflètent «des reports dans l'attribution de nouveaux contrats et des travaux supplémentaires, les clients attendant la finalisation du plan de restructuration financière», a ajouté le groupe.