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Soucieux de se verdir, BlackRock critique le bilan environnemental de Siemens, impliqué dans une immense mine de charbon australienne
information fournie par Novethic 11/02/2020 à 07:15

Soucieux de se verdir, BlackRock critique le bilan environnemental de Siemens, impliqué dans une immense mine de charbon australienne

Soucieux de se verdir, BlackRock critique le bilan environnemental de Siemens, impliqué dans une immense mine de charbon australienne

Pour la première fois, BlackRock est monté au créneau pour dénoncer la politique anti-climatique d’un industriel dont il est actionnaire : Siemens. Si la critique est mesurée, elle pèse lourd venant du plus grand gestionnaire d’actifs de la planète, décidé à verdir ses pratiques. Toutefois, le chemin pour convaincre va être long, tant il existe de la défiance dans la population vis-à-vis de cette entreprise, devenue symbole de la finance.

Il s’est déroulé un fait inhabituel, le 7 février dernier en Allemagne. BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actif du monde, a élevé la voix contre les dirigeants de l’une de ses participations. Ce jour-là, se tenait l’Assemblée générale du fleuron allemand Siemens. L’Américain, qui gère plus de 7 000 milliards de dollars d’actifs, a vertement critiqué l’industriel pour sa participation dans la mine de charbon Carmichael en Australie, construite par l’Indien Adana.

Cette infrastructure de deux milliards de dollars, outre son futur impact climatique, menace une partie de la grande barrière de corail. En décembre, Siemens a conclu un contrat à 18 millions de dollars pour assurer l’ingénierie et la construction des voies de chemin de fer qui conduiront la production des 27 millions de tonnes de charbon annuelles vers les terminaux d’exportation du Queensland.

Des processus d’examens déficients

Un vent de colère s’est levé en Allemagne forçant le groupe à réunir son conseil d’administration. Le PDG Joe Kaeser avait alors reconnu ne pas avoir été tenu au courant de ce projet, " probablement compte tenu de sa modestie ", mais qu’il " aurait probablement dû ". Toutefois, il ajoute: " Nous devons remplir nos engagements contractuels ", assure-t-il. " Bien que j'aie beaucoup d'empathie pour les questions environnementales, je dois équilibrer les différents intérêts des différentes parties prenantes ". " Tenir nos promesses est la priorité absolue de Siemens ", justifie-t-il.

Même BlackRock n’a pas été convaincu par cette défense du business coûte que coûte. " Si Siemens a suivi son processus d'examen interne du projet, il est néanmoins clair qui il y a un besoin d’examens plus approfondis des risques potentiels, y compris les risques ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance), présentés par les projets futurs ", prévient le gestionnaire d'actifs. Toutefois, ce sera un avertissement sans frais puisque l’Américain a voté en faveur du PDG de Siemens. " Cela prouve que la volonté de Larry Fink (PDG de BlackRock, ndr) pour soutenir le développement durable n’est que du greenwashing ", déplore Greenpeace Allemagne.

BlackRock est pourtant bien décidé à redorer son blason d’investisseur plus responsable. En effet, le 14 janvier, lors de sa traditionnelle lettre aux dirigeants d’entreprises , Larry Fink a assuré vouloir faire de l’investissement durable la norme. " Nous estimons que l’investissement durable représente désormais le meilleur gage de robustesse pour les portefeuilles des clients ", écrit ainsi Larry Fink. Selon lui, le changement climatique constitue une " crise beaucoup plus structurelle et de plus long terme ", que toutes les crises économiques rencontrées auparavant.

Des votes à revoir

En parallèle, BlackRock a décidé d’intégrer l’initiative Climate100+. Lancée en décembre 2017, cette coalition d’investisseurs internationaux, représentant 41 000 milliards d’actifs sous gestion, a pour ambition de pousser les entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre à muscler leur stratégie sur le climat pour atteindre la neutralité carbone. L‘année 2020 va être un vrai test pour ce mastodonte de la finance qui a encore beaucoup à faire pour convaincre.

En 2019, l’ONG Majority Action a passé en revue la politique de vote en Assemblée générale de 25 sociétés de gestion, pour voir comment celles-ci se positionnaient sur le climat. BlackRock a fini bon dernier en ayant voté que cinq résolutions sur les 41 proposées pendant la saison des Assemblées générales 2019. BlackRock avait même voté contre trois résolutions actionnariales expressément soutenues par Climate Action 100+…

Le chemin sera toutefois long pour le gestionnaire d’actifs, quand on voit la colère qu’il inspire à Paris, avec cette nouvelle occupation brutale des locaux français de l’entreprise le 10 février. Taguant sur les murs, les militants pour l’écologie et les droits sociaux ont traité l’entreprise et ses salariés d’"assassins" et de "voleurs".

Arnaud Dumas @ADumas5 et Ludovic Dupin @LudovicDupin

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