(AOF) - Le géant pharmaceutique français Sanofi (-0,51% à 102,34 euros) étudierait la possibilité d'acquérir le fabricant américain de médicaments contre le cancer Mirati Therapeutics Inc, selon Bloomberg. Les actions de cette dernière ont fait un bond de 45 % hier - le plus important depuis 2017 après avoir chuté de 37% au cours de l'année écoulée. Mirati est désormais valorisé à environ 4,2 milliards de dollars. « Les délibérations sont en cours et il n'est pas certain qu'elles aboutissent à un accord », souligne Bloomberg.
Mirati est en train de développer son premier produit, un médicament appelé Krazati utilisé contre un type de cancer du poumon dans lequel le gène KRAS a muté. La société a reçu l'approbation accélérée de la Food and Drug Administration pour ce médicament en décembre. Un rachat donnerait à Mirati des ressources supplémentaires pour commercialiser le traitement et financer d'autres études. Mirati a perdu au mois d'août 2023 son CEO puis son directeur financier.
Cette annonce clôt une semaine riche en annonces pour le laboratoire français. Il a annoncé mercredi un accord avec Teva Pharmaceuticals, filiale américaine de Teva Pharmaceutical Industries Ltd. en vue du codéveloppement et de la co-commercialisation du TEV'574, un actif qui fait actuellement l'objet d'essais cliniques de phase IIb pour le traitement de la colite ulcéreuse et de la maladie de Crohn, deux maladies inflammatoires de l'intestin. Berenberg estime dans une note du 5 octobre que cet "accord stratégique solide" "ajoute un actif de stade intermédiaire dans le pipeline et renforce la position de Sanofi dans le domaine des maladies auto-immunes".
Mardi, le laboratoire a dévoilé un accord avec Janssen Pharmaceuticals, une entreprise du groupe Johnson & Johnson, en vue du développement et de la commercialisation d'un candidat-vaccin à 9 valences contre les souches pathogènes extra-intestinales d'E. coli. "Nous prévoyons une probabilité de 40 % pour que ce vaccin rapporte 800 millions d'euros" commente Berenberg.
"Nous considérons ces accords comme positifs, avec un prix raisonnable pour des actifs nouveaux qui complètent la franchise", déclare Berenberg, qui reste à l'achat sur le titre avec un objectif de cours de 115 euros.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- 5ème groupe pharmaceutique mondial, créé en 1994, 1er européen, et 1er mondial dans les vaccins ;
- Ventes de 43 Mds€ provenant de 4 divisions : la médecine de spécialités (immunologie, neurologie et oncologie) pour 41 %, la médecine générale pour 31,5 % les vaccins pour 16 % et la santé grand public ;
- Part croissante des Etats-Unis dans les ventes (43,6 %) devant l’Europe (24,6 %) et le reste du monde 31,8 % ;
- Modèle d’affaires en 4 points : une organisation simplifiée, un portefeuille restructuré et contenant plus de produits biologiques, une R&D transformée et des ambitions fortes en termes de rentabilité et de solidité financière ;
- Capital éclaté (hors L’Oréal : 9,48 % des actions et 16,95 % des droits de vote), Serge Weinberg présidant le conseil d’administration de 16 membres, Paul Hudson étant directeur général ;
- Bilan très solide, 73,5 Mds€ de fonds propres, 6,4 Mds€ de dette nette et 8,5 Mds€ d’autofinancement libre.
Enjeux
- Plan « Play to win » 2025 visant à créer un groupe agile et n° 2 mondial :
- 2023/25 : réduction d’1/3 des familles de produits, productivité guidée par la R&D et le digital dans les usines et marge opérationnelle de 32 % ;
- Stratégie d’innovation :
- 5 axes de recherche : immunologie & inflammation, oncologie, neurologie (scléroses notamment), maladies hématologiques rares & maladies rares, vaccins,
- 91 projets en cours dont le 1/3 en phases 3 et 5 en attente de visas par les autorités,
- développée en collaboration -Kymera pour l’immunologie, Translate Bio dans les ARN pour vaccins- ou par acquisitions –Kiadis, Biopharma, Kymab pour l’oncologie,
- soutenue par des plateformes technologiques : petites molécules, anti-corps, protéines, hémogénétiques, génomie ;
- Stratégie environnementale Planet Mobilization visant la neutralité carbone totale dès 2045 :
- 2027 : élimination des emballages plastiques pour les vaccins,
- 2025 : écoconception de tous les nouveaux produits ;
- émissions de lignes de crédit indexées sur le développement durable ;
- Retombées des 5 médicaments « prioritaires » : Amcenestrant (cancer du sein), Fitusiran (ARN pour hémophilie), Efanesoctocog (hémophilie), Nirsévimab et Nisévimab (virus respiratoires) et Tolébrutinib (sclérose en plaques) :
- Suivi commercial des médicaments approuvés par la FDA (Dupixent) ou reconnus comme innovants (Efanesoctocog alpha pour l’hémophilie) et homologués par la Commission européenne (Nexviadyme et Xenpozyme) ;
- Après Origimm, spécialisée dans la recherche sur les affections cutanées, Kadmon et Owkin, acquisition d’Amunix en immuno-oncologie (agents biologiques) et élargissement de la collaboration avec Innate Pharma (cellules natural killer).
Défis
- Résistance à la concurrence des génériques d’Aubagio, lancés au 1er semestre ;
- Suivi des approbations des autorités réglementaires : Altuviliol et Beyfortus, lancés en 2023, et Enjaymo ;
- Résultats de phase 2/3 positifs pour Acoziborole (maladie du sommeil);
- Après la hausse de 8 % des résultats 2022 , anticipations 2023 : 10 Mds€ de ventes pour le Duplixent et croissance du bénéfice par action inférieure à 10 % ;
- Dividende 2022 de 3,56 €.
En savoir plus sur le secteur Pharmacie
Les biotechs mises à rude épreuve
Ces sociétés pâtissent d'un cycle économique beaucoup moins favorable, qui se traduit notamment par une baisse du financement par le capital-risque des start-up. Ces entreprises sont donc obligées de mener des plans de licenciement. A cela s'ajoute un cadre réglementaire bien plus contraint. D'abord, aux Etats-Unis, les mesures liées à l'Inflation Reduction Act (IRA) pourraient avoir un fort impact sur les marges des intervenants. En effet, à partir de 2026, le programme fédéral Medicare va pouvoir renégocier le prix des médicaments commercialisés depuis neuf ans (chimiques) ou 13 ans (biologiques), avec des rabais qui pourraient aller de 35 à 60 % pour les biotechs. De même, en Europe, avec la nouvelle réglementation du médicament présentée à Bruxelles en avril, la durée de protection d'un brevet va être réduite si le traitement innovant n'est pas commercialisé dans tous les pays-membres sous deux ans.
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