Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

Les marchés financiers vont-ils profiter de cette nouvelle visibilité politique et économique ?
information fournie par H24 Finance pour Boursorama 26/11/2020 à 16:18

(Crédits photo : Adobe Stock -  )

(Crédits photo : Adobe Stock - )

Le mois de novembre s'avère très particulier et extraordinaire à tout point de vue pour les marchés financiers. Mais quand on regarde à moyen-terme, il y a souvent une décorrélation très forte entre l'économie, les marchés financiers et la politique.

Vaccin 1 - Biden 0 ?

Depuis le 30 octobre, « les actions américaines ont progressé de près de 10% et l'indice Euro Stoxx de 17%, tout cela accompagné d'un réveil spectaculaire des valeurs value (cycliques ou valeurs décotées) européennes qui ont affiché une hausse de presque 25% contre seulement 10% pour les valeurs de croissance », note Jean-Marie Mercadal, Directeur Général Délégué en charge des gestions chez OFI AM.

L'échéance était évidemment attendue avec un duel Trump/Biden à l'issue incertaine. Mais à l'issue du vote, les marchés ont certes monté, mais de manière modérée. En revanche, ceux-ci ont flambé après les annonces de Pfizer puis Moderna. Le vaccin est-il finalement plus important que les élections américaines ?

Selon Emeric Préaubert, Associé Fondateur de Sycomore AM, ce sont avant tout les conséquences sur l'économie (actuellement dans une situation dramatique) qui sont importantes. « Nous savions tous que le jour où un vaccin serait annoncé, il y aurait un soulagement énorme, en particulier sur les valeurs les plus chahutées », souligne-t-il.

Car les promesses d'un vaccin donnent une date théorique d'échéance sur les confinements et les probabilités de retour à la normale de l'économie. Mais l'élection de Biden à la Maison-Blanche va également « diminuer le niveau de stress et d'hystérie » que l'on avait pu connaître dans les derniers mois estime La Financière de l'Echiquier (LFDE). Par rapport à la présidence précédente, beaucoup s'attendent en effet à une forme d'apaisement dans la politique internationale, dans la politique commerciale et dans la relation entre les Etats-Unis et les autres pays.

Pour autant, pourrait aussi s'apparenter à une forme « d'hystérie » la séance à +7% connue sur le CAC 40 il y a quelques semaines. « Cette performance s'est faite sur une catégorie de la cote qui a été massacrée depuis le début de l'année (actions décotées, actions value). Ces titres avaient perdu jusqu'à 70% et n'ont récupéré que 10, 15 ou 20% dans la journée », relativise Olivier de Berranger, Directeur de la gestion d'actifs de LFDE. Il concède donc un mouvement fort mais qui marque une repondération des investissements croissance vers des portefeuilles plus équilibrés. « Et c'est tant mieux, car l'équilibre est selon moi l'opposé de l'hystérie », précise-t-il.

Toujours pas de remontée des taux à l'horizon

Si les incertitudes commencent à se lever pour les mois à venir, le mandat présidentiel de Joe Biden est amené à durer au minimum 4 ans. Il est donc intéressant de se projeter à moyen/long terme.

Depuis longtemps, la situation est très atypique sur le marché des taux. Joe Biden pouvant se montrer « dépensier », cela va-t-il changer le rythme de croisière des taux ou ceux-ci vont-ils durablement rester bas ?

Les experts n'identifient pas de facteurs en faveur d'une hausse majeure des taux sur les prochaines années. En revanche, des politiques de relance, des politiques budgétaires et des politiques de dépense d'infrastructures importantes peuvent entraîner une certaine tension sur les taux long entre 20 et 50 bps, sans pour autant qu'il n'y ait de remise en cause d'un univers de taux bas. « Là où cela commercerait à vraiment changer la donne serait un dépassement des 1,50% sur les taux américains ou un retour de l'OAT proche de 1% », indique Olivier de Berranger de LFDE.

Mais en l'absence de « vague bleue » aux élections avec un Sénat non acquis, le grand programme d'investissement et de dépense que voulait mettre en œuvre le Président élu ne pourra pas avoir lieu. « Les républicains aiment bien les dépenses… quand c'est un Président républicain. Si c'est un Président démocrate, il est hors de question pour eux de faire du déficit budgétaire », signale le Directeur de LFDE.

Dans ce contexte, le marché du crédit offre toujours plus de rendement que le gouvernemental. Mais la perspective d'un resserrement supplémentaire des spreads est peu envisageable d'après Jean-Marie Mecardal d'OFI AM, qui estime que le High Yield (haut rendement) reste intéressant pour le rendement relatif par rapport à des taux très bas. « Dans une logique de diversification, la dette émergente, qui a accumulé un peu de retard par rapport aux autres actifs depuis le début de l'année, voit revenir des flux très positifs depuis quelques semaines », précise-t-il.

A un moment se posera par ailleurs le problème de remboursement de dettes prévient Emeric Préaubert de Sycomore AM. Car si la partie détenue par les banques centrales pourra être annulée, cela risque d'être plus compliqué pour le reste. Les solutions ? « Soit les dettes ne sont pas remboursées, soit il y a de la croissance, soit il y a de l'inflation », énumère le gérant. Or, la croissance en Europe est faible et un retour de l'inflation n'est absolument pas le scénario retenu par le consensus. La conclusion est donc simple pour Emeric Préaubert : « il faut avoir des actions ! » clame-t-il, fidèle à la maxime TINA (« There Is No Alternative », il n'y a pas d'alternative aux actions).

Investir sur les actions… mais avec des portefeuilles équilibrés et globaux

Les actions devraient continuer leur progression dans cet environnement pour Jean-Marie Mercadal d'OFI AM. Il met notamment en avant le style value « qui surperforme traditionnellement dans les phases de reprise économique ». D'autant que les années passées avaient vu l'écart de valorisation atteindre des niveaux extrêmes avec 2020 en point d'orgue.

A ce titre, le terme de « reprise en K » a été abondamment utilisé pour illustrer la divergence observée sur les secteurs en raison des mesures de confinement. Si certains ont fortement souffert ces derniers mois (le tourisme, les compagnies aériennes, les hôtels…), la crise a néanmoins « bénéficié » à d'autres tels que le cloud, l'informatique et le digital.

« Mais les niveaux de valorisations atteints nous paraissent arriver sur des planchers », juge Olivier de Berranger de LFDE. Par ce signal, il envisage également une force de rappel sur ces écarts de valorisation « trop exagérés », sans pour autant prévoir nécessairement une surperformance massive de la value par rapport la croissance dans les trimestres à venir.

Finalement, les gérants en reviennent à cette notion « d'équilibre » et recommandent des allocations moins polarisées qu'elles ne le sont bien souvent. Car les structures des portefeuilles diversifiés des épargnants français ont tendance à favoriser le marché domestique (Euro / Europe). « Il faut avoir des actions avec des thématiques en croissance, celles qui ont bien marché ces dernières années, mais aussi celles qui ont été massacrées. Et le plus important est d'avoir des portefeuilles plus globaux », insiste Emeric Préaubert de Sycomore AM.

On observe d'ailleurs une internationalisation au sein des équipes de nombreuses sociétés de gestion françaises (avec par exemple le recrutement d'experts asiatiques ou américains), conscientes qu'un univers d'investissement uniquement européen peut être contraignant. Une ouverture bienvenue à l'heure où la Chine est extrêmement dynamique après avoir su gérer la pandémie et où les Etats-Unis demeurent capables de réagir et de résister malgré la crise.

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.