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ISR : net zéro, quésaco ?
information fournie par TRIBUNE LIBRE 02/09/2021 à 16:45

Selon le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels et éviter les effets les plus catastrophiques du changement climatique, le monde doit réduire de moitié les émissions de CO2 d'ici à 2030 environ et atteindre des émissions nettes de CO2 nulles d'ici au milieu du siècle. (Crédits photo : Pexels - Markus Spiske )

Selon le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels et éviter les effets les plus catastrophiques du changement climatique, le monde doit réduire de moitié les émissions de CO2 d'ici à 2030 environ et atteindre des émissions nettes de CO2 nulles d'ici au milieu du siècle. (Crédits photo : Pexels - Markus Spiske )

Par Marouane Bouchriha, gérant du fonds Edmond de Rothschild SICAV Green New Deal


«Net Zéro», « Neutralité climat », «Neutralité carbone», voire même «Carbone négatif» : voici quelques-uns des nouveaux termes à la mode. Les États en font des objectifs, les ONG un cheval de bataille et certaines entreprises y ont trouvé un outil marketing, mais que veulent-ils bien dire ?

Selon le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels et éviter les effets les plus catastrophiques du changement climatique, le monde doit réduire de moitié les émissions de CO2 d'ici à 2030 environ et atteindre des émissions nettes de CO2 nulles d'ici au milieu du siècle.

Au niveau mondial, le GIEC donne une définition claire du zéro net : les émissions nettes sont atteintes lorsque les émissions anthropiques (c'est-à-dire causées par l'homme) de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère sont équilibrées par les absorptions anthropiques sur une période donnée. Il faudra donc équilibrer les émissions de gaz à effet de serre au cours de la seconde moitié du siècle, de sorte que la somme de tous les gaz à effet de serre émis par les activités humaines soit nulle.

On ne parle pas de « Zéro », mais de « Net Zéro » car il est naturel qu'on continue d'émettre des gaz à effet de serre, mais cela se fera dans les limites de la capacité d'absorption de notre planète. « Carbone négatif » va un cran plus loin et implique de retirer de l'atmosphère plus de CO2 que ce que l'on émet. Et c'est probablement quelque chose que l'humanité devra faire au cours de la 2ème moitié du siècle.

À l'échelle de la planète Terre, les termes paraissent simples et clairs : retirer de l'atmosphère autant de GES que ce que l'on y déverse. Les choses se compliquent très vite dès que l'on se positionne à l'échelle d'un État. Et c'est tout bonnement impossible à objectiver pour une entreprise.

Commençons par les États : l'Union européenne, la Chine et les États-Unis ont annoncé des objectifs de neutralité carbone. C'est le cas de 59 pays dans le monde aujourd'hui.

Cependant, chaque pays adopte une approche différente :

L'UE vise tous les gaz à effet de serre dans son plan de neutralité d'ici à 2050.

Le plan « Net Zéro » de la Chine se concentre sur le rééquilibrage des seules émissions de CO2, d'ici à 2060.

Le plan climatique de l'administration Biden vise à atteindre le « Net Zéro » d'ici à 2050, mais n'a pas encore précisé quels gaz sont concernés.

Une véritable foire terminologique

Le CO2 est la principale cause de la hausse des températures mondiales ; il s'accumule et perdure pendant des centaines d'années dans l'atmosphère. Ramener les émissions de CO2 à un niveau net nul permet de stopper le réchauffement, mais l'impact du CO2 déjà présent dans l'atmosphère se fera sentir pendant des siècles. En revanche, les gaz à effet de serre à durée de vie plus courte, comme le méthane, n'impactent l'atmosphère que quelques années ou décennies.

En les réduisant, on diminuerait relativement vite leur contribution au réchauffement climatique. D'autres éléments comme la responsabilité historique ou la trajectoire de reforestation viennent encore plus compliquer le débat, mais ce n'est rien à côté de la foire terminologique du côté des entreprises.

La liste d'entreprises annonçant leurs propres objectifs de neutralité ne cesse de s'allonger et plus de 400 sociétés s'en sont déjà dotées. Les objectifs sont difficiles à comparer et les définitions restent vagues. Les détails qui se cachent derrière les étiquettes de neutralité varient énormément. Certains objectifs se concentrent uniquement sur le CO2. D'autres couvrent tous les gaz à effet de serre. Les entreprises peuvent ne prendre en compte que les émissions qu'elles contrôlent directement (Scope 1), ou inclure celles de leurs chaînes d'approvisionnement et de l'utilisation de leurs produits (Scope 3).

Parfois même, les objectifs ne visent pas à réduire les émissions, mais seulement à les compenser par des crédits carbone. ACI Europe, qui représente plus de 500 aéroports européens, est un bon exemple de scope d'émissions réduit. ACI Europe a fixé un objectif net de zéro émission de CO2 d'ici à 2050 qui ne concerne que les bâtiments et les opérations terrestres, et non les émissions des avions. Cela implique que seuls 2 % des émissions de toutes les activités aériennes qui transitent par ces aéroports sont pris en compte.

La compensation ne peut pas être l'unique solution

La compensation carbone est la panacée utilisée par tous les acteurs. Le principe est simple. Pour compenser leurs émissions, les entreprises investissent dans des projets qui permettent soit de réduire les émissions de CO2 (projets d'énergies renouvelables par exemple) soit de les capter (projets de reforestation), le gros des volumes portant sur cette seconde catégorie. Sauf que les critiques pleuvent sur la compensation carbone : l'additionnalité du projet - le fait qu'il n'aurait pas existé sans ce financement - n'est pas évidente à démontrer.

La permanence du stockage de CO2 est remise en question pour les projets forestiers (quand les forêts brûlent ou meurent, le CO2 est relâché dans l'atmosphère) et la comptabilité est un cauchemar. Si Total compense les émissions d'un baril extrait en Angola et brûlé en France en plantant des arbres au Bénin, rien n'empêche les 4 parties d'utiliser cette compensation pour leurs propres objectifs.

Enfin, si chaque acteur se contente de compenser ses émissions sans les réduire, il n'y aura pas assez de moyens de compensation pour tous.

Il ne faut bien sûr pas jeter le bébé avec l'eau du bain et ces mesures sont un bon début. Notre rôle en tant qu'investisseurs actifs est de garder un esprit critique et de différencier les acteurs pour faire ressortir les meilleures pratiques. Et elles existent. Microsoft a un objectif ambitieux, qui prévoit également de neutraliser, d'ici à 2050, toutes les émissions de CO2, mais le groupe va au-delà et veut neutraliser ses émissions produites depuis sa création en 1975. Microsoft donne des explications claires sur ce qu'il compte mettre en place : D'abord chercher à réduire son empreinte directe sans utiliser des compensations. Microsoft compte utiliser dès 2025 100% d'énergies renouvelables pour tous ses datacenters et bâtiments. Ensuite prendre en compte toutes ses émissions, c'est-à-dire également le scope 3. Microsoft veut réduire ces dernières de moitié d'ici 2030 en travaillant avec toute sa chaîne de fournisseurs.

Pour la neutralisation de ces émissions, Microsoft ne veut pas passer par des systèmes d'achat de crédit de compensation, mais financer directement des projets de captation de CO2, d'abord principalement grâce à des solutions naturelles (reforestation)
mais aussi en accompagnant le développement de solutions technologiques. Microsoft discute ouvertement les limites de la compensation et s'est donc doté d'une feuille de route avec des objectifs intermédiaires.

Au-delà des considérations techniques, en tant qu'investisseurs, nous nous devons de rester vigilants face aux effets d'annonce. Toutes les stratégies de « Net Zéro » ne se valent pas et surtout, elles ne dédouanent pas les entreprises de commencer à faire des efforts dès aujourd'hui, pour des réductions en absolu, sur tout le périmètre de l'activité (Scope 1+2+3).

Les trois périmètres d'émissions :
Scope 1 :
les émissions directes de gaz à effet de serre provenant de la production du produit de l'entreprise.
Scope 2 : les émissions indirectes de gaz à effet de serre provenant de l'utilisation de l'électricité par l'entreprise, le chauffage des bâtiments, etc.
Scope 3 : les émissions de gaz à effet de serre provenant du transport et de l'utilisation du produit ; la combustion de l'essence dans les voitures, par exemple.

Source : Edmond de Rothschild

Source : Edmond de Rothschild


Sources:
https://sciencebasedtargets.org/blog/down-to-business-what-net-zero-reallymeans
https://www.nature.com/articles/s41467-021-22294-x
https://www.nature.com/articles/d41586-021-00662-3
https://www.wri.org/events/2021/6/net-zero-targets-which-countries-havethem-
and-how-they-stack
https://www.reuters.com/article/us-global-climate-carbon-business-trfn-
idUSKBN2BF2ZX

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