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Face aux risques, l'Asie infléchit sa politique monétaire
information fournie par Reuters 20/02/2019 à 12:37

    * Les objectifs d'inflation peu ou pas atteints
    * Le Japon, l'Australie, l'Inde modèrent leur discours
    * La Chine, enjeu n°1 pour les perspectives de taux

    par Marius Zaharia
    HONG KONG, 20 février (Reuters) - Confrontées aux
répercussions du ralentissement économique mondial et des
tensions commerciales sino-américaines, les banques centrales
d'Asie infléchissent l'orientation de leur politique monétaire,
qui redevient neutre, sinon accommodante.
    Fin 2018, les banquiers centraux japonais s'inquiétaient des
inconvénients de la création de monnaie et la Banque de réserve
d'Australie (RBA) n'envisageait pas d'autre trajectoire pour ses
taux qu'à la hausse. La dépréciation des monnaies émergentes
contraignait par ailleurs l'Inde, l'Indonésie et les Philippines
à maintenir une politique monétaire restrictive.
    Pour tous ces pays, les investisseurs spéculent désormais
sur des baisses de taux.
    L'affaiblissement du dollar et la baisse des cours du
pétrole ont joué un rôle important dans ce retournement de
situation mais le facteur principal est le ralentissement
économique plus marqué que prévu en Chine, avec pour première
conséquence une désinflation qui gagne toute la région.
    L'autre influence principale est celle de la Réserve
fédérale américaine, qui a adopté le mois dernier une approche
plus prudente de sa politique monétaire, laissant entrevoir
sinon la fin de son cycle de hausse de taux, à tout le moins une
pause. 
    
    DES PRESSIONS SUR LES PRIX "REMARQUABLEMENT MODÉRÉES"
    "Clairement, les banques centrales reconsidèrent la
politique monétaire", commente Piyush Gupta, directeur général
de DBS Group Holdings à Singapour.
    A l'exception des Philippines, où une désinflation rapide
est aussi enclenchée, toutes les grandes économies d'Asie
affichent des taux d'inflation situés dans la partie basse de
leur zone cible, voire en-dessous. La hausse des prix est ainsi
inférieure à 1% en Malaisie, à Singapour, en Corée du Sud, à
Taiwan et en Thaïlande.
    "Les pressions sous-jacentes sur les prix sont
remarquablement modérées", observe Frederic Neumann,
co-responsable de la recherche sur l'Asie à HSBC. "Cela renforce
les arguments en faveur de nouvelles mesures d'assouplissement
même si elles seront insuffisantes en elles-mêmes pour stimuler
la croissance."
    Le gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, a
déclaré mardi que la banque centrale était disposée à assouplir
davantage sa politique si le yen fort nuisait à l'économie et
menaçait l'atteinte de son objectif d'inflation de 2%.
 
    Intervenant à un séminaire à Tokyo le même jour, le
vice-gouverneur de Bangko Sentral ng Pilipinas (BSP), Diwa
Guinigundo, a indiqué que la banque centrale philippine, qui a
relevé ses taux à cinq reprises l'an dernier, agirait rapidement
si les conditions de liquidités n'étaient plus suffisantes pour
maintenir la dynamique de croissance.
    En Australie, la RBA a adopté le 6 février un biais neutre
et non plus restrictif pour sa politique monétaire, et nombre
d'économistes anticipent désormais une baisse de taux.
 
    Le lendemain, la banque centrale indienne a surpris en
annonçant une baisse de taux qui, pensent les économistes, sera
suivie par d'autres.  
    Des trois grandes économies d'Asie ayant des comptes
courants déficitaires, seule l'Indonésie pourrait continuer de
relever ses taux, après déjà six resserrements l'an dernier, car
la banque centrale y est focalisée sur la stabilité de la
roupie, relève Juliana Lee, chef économiste pour l'Asie chez
Deutsche Bank.
    Graphique interactif sur les taux d'intérêt en Asie : http://tmsnrt.rs/1U5hc2W
    
    L'INCONNUE CHINOISE
    A ce stade, les économistes ne croient pas à des baisses de
taux répétées mais ils s'accordent à dire que la suite dépendra
de l'état de santé de la Chine, du règlement ou non de son
différend commercial avec les Etats-Unis et de l'efficacité de
ses mesures de soutien à l'activité.
    En janvier, la Banque populaire de Chine (BPC) a réduit de
100 points de base le coefficient de réserves obligataires
imposé aux banques et les économistes pensent que celui-ci sera
encore réduit de 150 pdb dans le courant de l'année, en plus
d'autres mesures budgétaires attendues en mars.
    Certains experts tablent sur une baisse des taux directeurs
de la BPC mais la plupart disent que Pékin ne s'y résoudrait
qu'en dernier recours, redoutant des effets indésirables pour le
yuan et un regain d'inquiétudes autour de la dette. 
    "Une baisse des taux directeurs ne deviendra vraiment
envisageable (...) qu'en cas de détérioration drastique de
l'environnement interne et externe", écrivent les analystes
d'ICBC dans une note. 
    Le Premier ministre chinois, Li Keqiang, a déclaré mercredi
que Pékin s'en tiendrait à une politique monétaire prudente et
il a exclu un soutien "massif".  
    

 (Marius Zaharia à Hong Kong avec la contribution d'Anshuman
Daga à Singapour, Véronique Tison pour le service français,
édité par Marc Angrand)
 

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