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La remontée des taux sur les marchés pose d'importantes questions
information fournie par H24 Finance pour Boursorama 16/11/2016 à 11:00

L'élection de Donald Trump a provoqué une hausse des taux longs sur les marchés obligataires, déjà initiée quelques semaines plus tôt. À échéance 10 ans, l'Allemagne emprunte actuellement à 0,30% et la France à 0,75%. Dans le monde de la gestion d'actifs, la plupart des fonds obligataires pâtissent de cette situation.

Il y a seulement deux mois, à la fin du mois de septembre, les taux du marché obligataire restaient toujours proches de leurs plus bas historiques, après avoir chuté au début de l'été suite au vote en faveur du « Brexit ».

En France, le taux de l'OAT à 10 ans était ainsi tombé à 0,10% en juillet. En Allemagne, le Bund à 10 ans était passé en territoire négatif, atteignant jusqu'à -0,20%. Le 10 ans américain évoluait quant à lui autour des 1,6% fin septembre, après avoir touché un point bas à 1,35% en juillet.

Depuis de nombreux mois, certains économistes et gérants évoquaient le risque d'une remontée des taux, qui ne pouvaient « pas tomber beaucoup plus bas ».

Chose promise, chose due : depuis trois semaines, et surtout depuis l'élection de Donald Trump, les taux remontent sur les marchés obligataires.

Le 10 ans américain évolue désormais au-dessus de 2,20%, le 10 ans allemand est repassé au-dessus de 0,30% et le 10 ans français a enregistré lundi 14 novembre un pic à 0,85% en cours de séance.

C'est sans parler du taux à 10 ans italien, remonté à 2,10% lundi après avoir touché 1,04% en août, ou du 10 ans portugais, remonté au-dessus de 3,50% après avoir touché un plus bas historique à 1,56% en 2015.

Un « effet Trump », mais pas seulement

Aux États-Unis, la remontée des taux s'explique sans mal depuis l'élection de Donald Trump, puisque le candidat Républicain avait promis une importante relance budgétaire synonyme de déficits publics et a priori d'inflation. L'inflation est une variable économique déterminante pour le niveau des taux souverains.

« Si Trump décide d'arrêter l'immigration, cela créerait une pression inflationniste très forte sur les salaires américains » souligne à ce sujet Serge Pizem, Responsable de la gestion multi-assets chez Axa IM.

Ce dernier rappelle néanmoins que « La hausse des taux avait commencé avant l'élection de Trump avec l'anticipation d'un éventuel "tapering" [arrêt progressif de la politique monétaire ultra-accommodante, ndlr] de la BCE à partir de 2017, et  l'anticipation de politiques fiscales plus expansionnistes » dans plusieurs pays occidentaux.

Pour Alain Krief, Responsable des investissements taux et convertibles chez Oddo Meriten AM, « Le marché se préparait à une hausse des taux progressive depuis quelque temps. On ne savait simplement pas quand cette remontée allait réellement s'enclencher et à quel rythme ».

Hausse inattendue des taux européens

La hausse des taux européens reste surprenante dans le sens où les obligations européennes auraient pu faire figure de valeurs-refuges à court terme face aux obligations américaines.

« La réaction des marchés a été surprenante suite à l'élection de Trump : on pouvait attendre une baisse des taux –un flight to quality– qui n'a en fait duré qu'une heure [à l'ouverture des marchés européens le 9 novembre dernier], puis on a assisté à une remontée des taux assez forte aux Etats-Unis et également en zone euro » rappelle ainsi Alain Krief.

Serge Pizem voit néanmoins une certaine logique à ce mouvement. « Les économies sont reliées mondialement. Si les obligations sont mieux rémunérées aux Etats-Unis, les investisseurs vont donc vendre leurs obligations européennes pour aller vers les obligations américaines », ce qui entraîne par ricochet une hausse des taux souverains européens malgré les achats massifs de la BCE dans le cadre de son plan de "quantitative easing".

Des arbitrages s'observent également au sein des pays de la zone euro. Pour Serge Pizem, dans le contexte politique actuel, les investisseurs étrangers et notamment japonais auraient tendance à fuir davantage la dette italienne ou française que la dette allemande, ce qui se traduit par un élargissement des "spreads de crédit" (écarts de taux) au sein de la zone euro.

Quelle stratégie pour les portefeuilles obligataires ?

Pour les gérants obligataires, des questions se posent sur la stratégie à adopter face à la remontée des taux.

La grande question est la suivante : faut-il profiter de la hausse des taux en revenant vers les obligations qui offrent de nouveau un rendement « intéressant », ou faut-il au contraire se prémunir du risque de poursuite de la hausse des taux ?

Pour Alain Krief d'Oddo Meriten AM, « Il est trop tôt pour profiter dès maintenant de la hausse des taux. Si le taux à 10 ans américain continue de monter, le taux à 10 allemand suivra la même tendance. La prochaine étape pourrait être un retour du Bund à 10 ans à 0,5% au lieu de 0,3% actuellement. On reste donc défensifs, nous préférons d'abord attendre une stabilisation du marché obligataire » avant d'augmenter l'exposition des portefeuilles aux obligations d'Etat, conclut-il.

H24 Finance pour Boursorama

7 commentaires

  • 23 novembre 08:32

    Et, avec les dettes qu'on se traîne, ça va être difficile pour la France.


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