Article publié dans le numéro 1 600 du « Point » (16 mai 2003)« Partez ! Partez ! » Brandissant d'une main tremblante un dérisoire fanion rouge, un vieil homme vient de surgir à l'entrée de son village, désert. Le temps est pourtant radieux en cette matinée de mai et un groupe de Pékinois a décidé de s'aérer pendant quelques heures dans la vallée des tombeaux Ming, à moins de 50 kilomètres de la capitale. Loin de l'ambiance pesante des visages masqués et des sirènes d'ambulance qui, depuis le 20 avril, obsèdent Pékin.Mais Gou, le vieux chef du village, ne l'entend pas de cette oreille. La conversation s'engage à distance, irréelle. « Mais pourquoi voulez-vous qu'on parte ? Nous venons ici presque tous les dimanches, plaide l'un des citadins, et votre village s'enrichit avec nos petits achats ! - Ce n'est plus pareil maintenant, partez ! » Et comme les Pékinois tardent à décamper, le vieil homme poursuit d'une voix cassée : « Si vous ne partez pas, nous allons tous mourir ici. À Pékin, vous êtes contaminés et au village nous n'avons rien, même pas de dispensaire et pas assez d'argent pour aller à l'hôpital ! » Trop d'angoisse, trop d'attente, les yeux du vieil homme se mettent à briller... Pathétique. Lire aussi Coronavirus chinois : que sait-on de sa dangerosité ? Le voisin qui tousse : dénoncé !Un mois après que le gouvernement a commencé à admettre la gravité de l'épidémie, notamment à...
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