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Assemblées générales d'actionnaires et vote à distance : la France larguée et bloquée dans les formats du passé ?
information fournie par Boursorama avec Media Services25/05/2023 à 12:21

Répandues chez les voisins européens, les possibilités de suivre les "AG" à distance sont encore peu développées en France.

(illustration) ( AFP / ERIC FEFERBERG )

(illustration) ( AFP / ERIC FEFERBERG )

Temps fort annuel de la vie des entreprises, les assemblées générales peinent à se moderniser en France, au grand dam des actionnaires individuels qui déplorent des formats du passé, sans retransmission en direct systématique ni possibilité de voter à distance le jour J.

"Les actionnaires individuels ont des droits, notamment de participer à l'assemblée générale et de voter, où qu'ils soient, même au fin fond de la Creuse", explique à l'AFP Véronique Guisquet-Cordoliani, secrétaire générale de la Fédération des investisseurs individuels et des clubs d'investissement (F2iC). La saison 2023 de ces réunions d'actionnaires touche à sa fin et a illustré un retard criant en matière numérique.

Le format d'une assemblée générale dite hybride, en physique dans une grande salle - très souvent à Paris - et aussi retransmise en direct sur internet, ne concernait l'an dernier qu'à peine la moitié des groupes cotés à la Bourse de Paris, selon le recensement tenu par la fintech Scalens.

La possibilité de poser des questions aux dirigeants le jour J à distance était impossible dans près de 9 cas sur 10, même parmi les fleurons du CAC 40 comme des banques ou des sociétés de l'hôtellerie-restauration.

La situation est tout autre hors de France: la même année au Royaume-Uni, près d'un tiers des assemblées générales proposaient un format hybride avec possibilité de poser ses questions à distance, toujours selon Scalens.

Le Danemark, la Belgique ou encore la Suède faisaient aussi mieux que la France sur ce terrain-là. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et l'Autorité des marchés financiers (AMF) sont pourtant favorables à un tel développement en France.

Arguments techniques

Les groupes cotés s'appuient souvent sur des arguments techniques: la difficulté d'identifier que la personne qui se connecte est bien actionnaire ou la survenue fortuite d'un problème technique, comme une rupture de la retransmission en direct, à même d'entraîner la nullité de l'assemblée générale, et donc le besoin d'en convoquer une nouvelle.

Ce dernier point "est l'excuse officielle qui est totalement recevable", admet Mme Guisquet-Cordoliani, qui souligne le coût élevé de ces événements pour les entreprises.

Pour Bénédicte Hautefort, l'argument ne tient pas. Selon la cofondatrice de Scalens, anciennement l'Hebdo des AG, "à l'heure de la blockchain, à l'heure ou les transactions bancaires sont hyper sécurisées par des moyens instantanés, c'est technologiquement inexplicable".

Et les grands groupes n'hésitent pas pourtant dans leur campagne de communication à mettre en avant leurs compétences en numérique et leur innovation.

"La raison pour laquelle les sociétés freinent des quatre fers c'est parce qu'elles veulent maîtriser leurs assemblées générales", estime auprès de l'AFP Charles Pinel, du cabinet de conseil Proxinvest.

Signe de certaines tensions, le géant des hydrocarbures TotalEnergies, qui tient son assemblée générale vendredi, oblige les actionnaires à laisser à l'entrée une grande partie de leurs effets personnels, comme les appareils photo, ordinateurs ou sac à main.

Au-delà, ouvrir plus largement les échanges et les votes créerait "une incertitude" pour les dirigeants, selon M. Pinel, notamment sur les questions de responsabilité sociale et environnementale ou de salaires, sujets de plus en plus abordés en AG.

Les actionnaires absents ont cependant la possibilité de voter et de transmettre leurs interrogations en amont.

Actionnaires de demain

Tenues en semaine et en journée, les assemblées générales ne facilitent pas la venue de tout le monde, sauf à poser un jour de congé, voire à s'offrir billets de trains et chambre d'hôtel pour les non-parisiens.

Les actionnaires présents ont souvent atteint l'âge de la retraite, ce qui leur confère de plus grandes disponibilités.

Les attentes des plus jeunes, dont certains se sont convertis à l'investissement sur les marchés au moment des confinements, sont autrement plus fortes en termes d'immédiateté et d'accessibilité.

"Si on veut qu'il y ait un renouvellement du cheptel d'actionnaires individuels il faut absolument moderniser les outils", assure Mme Guisquet-Cordoliani. "C'est le sens de l'histoire, demain toutes les sociétés auront des assemblées générales hybrides", reprend-elle.

En France, une seule société cotée a permis le vote à distance le jour de l'AG, selon l'AMF: il s'agit du gestionnaire d'actifs Amundi en 2021, en pleine pandémie de Covid-19. Elle est depuis revenue en arrière.

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